Le Grand Action

Le Grand Action était autrefois connu sous le nom de "Celtic", puis "Studio Jean Cocteau"; c'était alors une salle unique avec balcon de 300 places, intégrée un temps au réseau Parafrance (qui comprenait à cette époque d'autres salles uniques de capacités moyennes sur le quartier: le Paramount Odéon, le plus prestigieux, ainsi que le Studio Médicis, le Publicis Saint Germain, le Studio Alpha et le Boul'Mich); de toutes ces salles, les trois dernières allaient d'ailleurs disparaître, ce qui est symbolique de ce quartier qui a perdu tant de cinémas.

En 1978, alors que le cinéma se trouvait au 3 rue d'Aras, une nouvelle entrée, nettement plus visible, est créée rue des Ecoles (à partir d'un ancien magasin?); l'ancienne entrée de la rue d'Aras est toujours visible, elle est utilisée comme sortie, à partir du fond de la grande salle.

La salle était un peut tristounette; seule fantaisie, ses murs étaient recouverts de reproductions de dessins de Cocteau. L'écran mesurait environ six mètres de base.

Le Cocteau fut donc repris en 1983 par le circuit Action, et rebaptisé l'Action Rive-Gauche (on peut se demander l'origine de ce nom, alors tous les autres cinémas Action, à savoir les Action Ecoles, Christine, et Christine bis ex-Grands Augustins, se trouvaient tous sur la rive gauche, seul l'Action Lafayette étant situé rive droite).
Après une courte exploitation dans son état d'origine, suivie de gros travaux, c'est un cinéma tout neuf qui ouvrit au public le 14 décembre 1983, avec "Wuthering Heights" (Les hauts de Hurlevent). La salle a certes été divisée en deux, mais le résultat est très sympathique: deux salles, confortables et modernes, équipées de grands écrans, et dans lesquelles on pourra voir les rééditions les plus importantes du circuit.

La veille, la radio 95.2, qui organisait alors de très nombreuses avant-premières, avait convié ses auditeurs à découvrir le nouveau cinéma (il suffisait pour cela, comme pour les autres avant-premières, de patienter une à deux heures dans le froid, mais à l'abri de la pluie, au pied de la tour Montparnasse).
Quelques mots pour resituer l'époque: les cinémas ne ferment pas encore, mais ça ne saurait tarder (Canal+ naîtra un an plus tard, la VHS rentre timidement dans les foyers, aux côtés d'ailleurs du Betamax et du V2000); les salles de cinéma n'ont pas changé depuis des années, depuis qu'elles ont été divisées et redivisées, depuis que les écrans sont devenus minuscules, atténuant trop souvent la différence entre cinéma en salles et télévision.

Ci-dessus, l'accès aux salles Henri Langlois (à gauche) et Henri Ginet (à droite)

Ce soir-là, à notre entrée dans la grande salle du Grand Action, nos yeux brillent d'émerveillement. La salle est superbe, la couleur rouge très dominante scintille de mille feux. L'écran, qui est encore plat, mesure huit mètres de base, ce qui en fait le écran véritablement grand du circuit Action, et à l'évidence leur nouvelle salle porte-drepeau, celle où on viendra en confiance voir les films à grand spectacle dans les meilleures conditions.

Les salles n'ont pas de numéro, mais un nom propre. La grande salle porte celui d'Henri Langlois; assez vite, son écran sera remplacé par un écran courbe de dix mètres de base, moins élégant pour l'esthétique de la salle, mais très efficace pour l'amélioration de la projection, et la salle deviendra la "salle panoramique Henri Langlois".

A rez-de-chaussée, la petite salle, dite "salle Henri Ginet", est plus sobre. Elle est totalement plate, possède 130 fauteuils et un écran un peu juste de six mètres.

En 1993, le cinéma sera rebaptisé Grand Action.

Au Grand Action sont projetés les films phares de la programmation Action: en grande majorité des films américains, souvent tournés dans les années 40 ou 50. Parmi les noms que l'on retrouve régulièrement figurent ceux de Bogart, Hitchock, Capra, John Ford, ou, plus jeune celui-ci, Eastwood. Des festivals permettent de remettre à niveau ou de rafraîchir ses connaissances cinématographiques. A côté de ces classiques, on peut également voir quelques films en première exclusivité (Gangs Of New-York par exemple), ce qui est un excellent moyen de prouver que l'histoire du cinéma ne s'est pas arrêtée en 1959...

La salle panoramique Henri Langlois se trouve à l'étage. Le spectateur qui monte les marches est accueilli à son arrivée par Henri Langlois (ci-contre). La salle correspond au prolongement du balcon de l'ancienne salle.

La salle Henri Langlois est desservie par la cabine de projection de l'ancienne salle unique (ci-dessous). Elle possède 220 fauteuils disposés en gradins, et l'écran panoramique très incurvé de dix mètres mentionné plus haut. Elle est équipée pour le 70mm (c'est un des rares endroits à Paris qui permette encore de voir régulièrement des films dans ce format), et le DTS.

La salle Henri Ginet se trouve au rez-de-chaussée, à l'emplacement de l'ancien orchestre (mais dans l'autre sens, l'écran se trouvant contre l'ancien mur du fond). L'écran d'origine a été remplacé par un écran panoramique de sept mètres. La largeur de la sortie de secours ayant été réduite par l'installation du nouvel écran, le nombre de fauteuils a dû être également réduit à 99; les fauteuils d'origine ont alors avantageusement été remplacés par un nouveau modèle, autrement plus spacieux et confortable.

La salle est desservie par une nouvelle cabine de projection.

Un grand merci à Jean-Max Causse.

Le Grand Action - 5, rue des Ecoles - 75005 Paris