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Le Gaumont Champs-Elysées

L'album souvenir


Gaumont Champs-Elysées

Le Gaumont Champs-Elysées fut inauguré en 1971, avec "Trafic", de Jacques Tati. Ce cinéma plutôt luxueux pouvait accueillir cinq cents spectateurs dans une grande salle unique.

La salle à son ouverture (photos extraites d'une publicité)

Les fauteuils de cuir étaient équipés de vérins hydrauliques; ce système originale remplaçait avantageusement les fauteuils rabattables (les fauteuils du France-Elysées possédaient également ce système, jusqu'à l'intégration de la salle dans le complexe de l'UGC Biarritz). Quand on s'asseyait, on se sentait surrélevé, puis le siège s'abaissait doucement (petit inconvénient: quand on se redressait pendant le film, le siège pouvait se redresser aussi).

Pour rentrer dans la salle, il fallait effectuer une longue descente. Après un tour d'escalier, on parvenait à un niveau intermédiaire, où se trouvaient une grande vitrine d'affichage, les toilettes, la cabine de projection et les bureaux. Un nouveau tour complet d'escalier, et on arrivait dans un second hall, qui proposait une nouvelle vitrine, ainsi qu'un récent comptoir de confiserie (peu adapté à la programmation, d'ailleurs). En cas de très forte affluence, les spectateurs patientaient dans l'escalier. Enfin, on ouvrait les doubles portes, pour admirer la salle derrière de grandes vitres. (photo de gauche)

Pendant un temps, la salle porta le numéro un, alors que la salle de l'Elysées Point-Show, située au sous-sol de la galerie marchande voisine, derrière l'écran du cinéma, devint la salle deux (l'Elysées Point-Show allait plus tard devenir un complexe de trois salles à part entière).

La programmation était un mélange d'art-et-essai et de grand-public "haut-de-gamme". On y passa régulièrement les films primés à Cannes. On dit que Woody Allen appréciait cette salle, et ses films y furent programmés. Kubrick avait sélectionné cette salle pour projeter "Full Metal Jacket". Le plus gros succès récent fut "Quatre mariages et un enterrement", qui resta six mois à l'affiche.

Pendant les années quatre-vingts dix, les fermetures de salles furent nettement moins fréquentes que durant la décennie précédente, et on ne s'en plaindra pas. Mais les veilles de réveillon de nouvel an seront souvent fatales aux cinémas, et le Gaumont Champs suivra ainsi la voie de l'UGC Biarritz (1994 pour les salles 2 à 6), le Publicis Saint-Germain (1995) et le Gaumont les Halles (1998).

projecteur cabine de projection

Le Gaumont Champs-Elysées fut très tôt équipée en Dolby Stereo. Les conditions de projection faisaient la fierté de Gaumont, et la salle fut longtemps la plus chère de Paris, sans pour autant faire fuir le public. Ce fut le seul cinéma de circuit à ne pas faire la fameuse "réduction du lundi", un écriteau annonçant laconiquement dans la vitrine extérieure qu'en raison de l'excellente qualité de projection, ce tarif n'était pas appliqué. Le cinéma pouvait également passer du 70mm, et il reçut plus tard le Dolby Digital et le SDDS. Seul défaut: l'écran, de 9 mètres de base, était un peu petit pour la salle, même si les caches s'écartaient et dégageaient une hauteur plus importante pour le 70mm.

Automne 1998, l'écran fut agrandi à 10m50 de base, taille maximale autorisée par le volume de la salle; il fut inauguré par "Horse Whisperer", de Robert Redford.


les fameux fauteuils hydrauliques

Généralement, un cinéma ferme suite à la chute de sa fréquentation, ou parce qu'il fait double emploi avec un complexe tout neuf. Ce n'est pas le cas du Gaumont Champs, qui avait su garder son public. Ce cinéma aura été victime de la guerre que se livrent les chaînes de magasins de vêtements. Benetton voulait cet endroit remarquablement bien situé, et a fait une offre de rachat particulièrement conséquent, que Gaumont n'a pu refuser. Voilà comment l'ex premier quartier de cinéma pourrait finir par devenir une annexe du boulevard Haussmann, très animé les après-midi de week-ends, et deserté le soir venu.

Les vitrines: à gauche, le premier sous-sol; à droite, le second sous-sol

Le Gaumont Champs-Elysées ferma ses portes le 31 décembre 1999, après la séance de 15h30, faisant de l'UGC Champs-Elysées la dernière salle unique de la fameuse avenue.

La fermeture du Gaumont Champs-Elysées pourrait faire du tort à Gaumont, qui ne dispose plus de salle de prestige pour montrer ses films "haut-de-gamme". Une suggestion, qui vaut ce qu'elle vaut: déplacer cette programmation vers le Publicis Elysées (après rénovation, bien sûr); la grande salle est agréable; elle possède un volume équivalent et un écran presque aussi grand; la petite salle est très correcte et peut permettre les continuations d'exclusivité. Certes, le Publicis n'est pas aussi bien situé que le Gaumont Champs, mais il y a quelques années encore, des films porteurs parvenaient sans difficultés à remplir la salle; et l'UGC George V, juste en face, parvient bon an mal an à drainer près d'un million de spectateurs, ce qui en fait le cinéma le plus fréquenté des Champs-Elysées, preuve que le sommet de l'avenue peut attirer les foules.

 

le personnel
Le directeur, entouré d'une partie du personnel

le directeur
Le directeur regrette profondément la fermeture du cinéma...

 

Un grand merci à Georges Trajan, le directeur, Michel Thouet, son assistant, et tout le personnel.
Merci à Patrick qui m'a envoyé les photos de la salle à son ouverture.