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Le Kinopanorama

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Kinopanorama

Inauguré en 1959 à l'emplacement de l'ancien "Splendid", le Kinopanorama se trouve occupe les premiers niveaux d'un immeuble d'habitation construit en même temps que le cinéma. Cette salle est l'oeuvre d'un promoteur immobilier, Pierre Pinton, qui se révélera un visionnaire devant marquer son époque et plusieurs générations de cinéphiles...

La salle est peu commune. Grande, sans être gigantesque, elle est équipée pour le système Kinopanorama, un concurrent russe du Cinerama (avec également une image provenant de trois projecteurs), et tout l'équipement technique, particulièrement lourd (la projection est assurée par trois couples de deux projecteurs) . Des films Kinopanorama seront projetés sur l'écran géant de 24 mètres de base, en commençant par "Deux heures en URSS", qui réalisera le score plus que respectable de 850.000 spectateurs en près de deux ans.

Kinopanorama Kinopanorama

Petit à petit, le système sera abandonné, et le cinéma se tournera vers le 70mm, ce format devenant devenir la marque de reconnaissance du Kinopanorama. Le Kinopanorama sera intégré un temps aux salles Cinerama, aux côtés des prestigieux Gaumont Palace et Empire, devenant alors le Cinerama Rive-Gauche. A la fin du Cinerama, la salle survit, oscillant entre quelques jolis succès (la reprise de "La Tour Infernale" en 70mm) et les problèmes d'approvisionnement en film.

Tout bascule en 1979 avec la sortie du Tambour, en 70mm. "Seul à Paris... sur écran géant", comme le dit la publicité. Cela fonctionne fort bien, et le film restera onze semaines à l'affiche. Par la suite, parmi d'autres succès, c'est "The Rose" qui connaîtra un véritable triomphe dans cette salle, en "usant" plusieurs copies 70mm pendant les 48 semaines d'exploitation pour un total de 264.000 spectateurs.

Avec E.T. (premier film que je vis dans cette salle, à la première séance), le Kinopanorama entamait une période particulièrement faste, au cours de laquelle il projeta de nombreuses exclusivités américaines en 70mm, toutes très attendues, et dont la plupart connurent le succès. Entre autres, et dans le désordre: Revolution, La Mission, La Forêt d'Emeraude, Legend, Le Nom de la Rose, Dune, L'Année du Dragon,... A cette époque, le Kino était devenu la salle de référence pour les cinéphiles parisiens. On n'hésitait pas alors à parcourir des kilomètres, à attendre un heure, parfois plus, dans le froid, pour voir un film dans la seule salle digne de ce nom pour le cinéphile, celle qui offre version originale, 70mm (la plupart du temps), écran géant de 24 mètres (beaucoup plus grand que ce que pouvaient proposer les concurrents)... Le nombre d'entrées annuelles évolua alors de 300.000 en 1981 à 450.000 en 1986.

Le Kinopanorama Le Kinopanorama

Parallèlement, la mode revint aux grands écrans, et Paris vit l'ouverture du Forum Horizon en 1986 (avec sa fameuse salle THX) et le réaménagement du Max Linder l'année suivante (lui aussi en THX), de capacités comparables, mais aux écrans plus petits. Ces deux salles, elles aussi équipées pour le 70mm, connaîtront rapidement le succès, et programmeront régulièrement les mêmes films que le Kino (Le dernier Empereur, Les Incorruptibles, L'Ours...), mais le Kino résistera bien, approchant régulièrement les 20.000 entrées hebdomadaires pour les grosses sorties, même si le nombre d'entrées se tassa à 303.000 en 1987 (chiffre moyen que l'on peut attribuer en partie à trois semaines de fermeture pour travaux, et quelques films qui ne connurent pas le succès escompté, tels que "The Mosquito Coast", "Les Sorcières d'Eastwick" ou encore "La Petite Boutique des Horreurs"; on peut également noter qu'aucun de ces films ne bénéficia du 70mm au Kino).

La sono STS du Kinopanorama
En 1988, la salle deviendra la première au monde à être équipée du nouveau système sonore STS Omnidirectionnel, sorte de réponse française au THX de Lucasfilms. (ci-contre, la vue très impressionnante de l'installation sonore du Kino, habituellement cachée par l'écran).

Le son STS au Kinopanorama

En 1991, la course en avant de la technologie continue, avec l'installation du son numérique CDS pour la sortie de "The Doors".

En 1992, le Kinopanorama est repris par Gaumont. Parmi les derniers films projetés dans l'ancien Kinopanorama pendant le premier semestre 1992, on note un mélange de succès et de films qu'on aura pu oublier depuis, parmi lesquels L'Amant, Le Prince des Marées, Bugsy, Kafka, Indochine, Howard's End (seule salle en 70mm), et enfin IP5, qui ne bénéficiait que du son Dolby SR, contrairement au LC Concept annoncé aux Gaumont Italie et Ambassade et au Publicis Elysées. Symbole, IP5, le dernier film projeté au Kino ancienne version sera également le premier film du Gaumont Italie (avec les files d'attente dont on se souvient). Fermée le 15 Juillet, après avoir gardé à l'affiche IP5 pendant cinq semaines, la salle rouvre en septembre avec "Impitoyable" du grand Clint, sous le nom de... Gaumont Grand Ecran Grenelle (sic!) Après la mode du Gaumontrama quelques années plus tôt, Gaumont tenait à différencier les salles à très grands écrans, et le Kino se retrouvait donc au niveau de son jeune concurrent, le Gaumont Grand Ecran Italie (qui connaissait un triomphe), et de la grande salle du Gaumont de Rouen. Heureusement, ce nom catastrophique sera bien vite abandonné, et le Kino deviendra logiquement le Gaumont Kinopanorama. La salle a été complètement rénovée, même si les changements sont surtout d'ordre esthétique. Le nombre de fauteuils a été réduit de 600 à 500 (on a notamment supprimé les premiers rangs). Le blanc cassé a fait place au rouge Gaumont, qui rend plutôt bien dans cette salle. Malheureusement, le nouvel écran est très décevant: il ne mesure plus 24, mais 17 mètres de base. Gaumont base alors toute sa communication sur l'écran du Gaumont Italie, qui lui mesure 24 mètres. Label Grand Ecran oblige, le Kino proposera un temps le "Show Laser".

Le Kinopanorama Le Kinopanorama

Progressivement, les cinéphiles changent leurs habitudes. Le Kino n'a plus le monopole des grands écrans, et le 70mm devient de plus en plus rare. Les amateurs d'écrans immenses se retrouvent au Gaumont Italie, tandis que les nouveaux pôles cinématographiques sont créés (les Halles, Bercy, et à un moindre niveau le Gaumont Parnasse, le Wepler et l'Aquaboulevard). Le Kino projette les films qu'on peut voir ailleurs dans des conditions aussi bonnes ou presque. Ce n'est donc plus la peine de traverser Paris ou encore moins l'Ile de France pour aller au Kino. Le public devient plus rare, et finalement, il n'y a plus guère que les habitants du quartier pour fréquenter la salle, à l'exception peut-être de quelques films événements récents qui redonnent un temps au Kinopanorama l'illusion de son passé prestigieux (le peuple migrateur, Tosca, Star Wars Episode II). Même l'exclusivité de la "director's cut" des Rencontres du Troisième Type (certes mal programmée, juste après la sortie du dvd) sera un échec.

Fin 1998, on m'avait appris que la fermeture du Kinopanorama était dans l'air. Après le choc de la nouvelle, je me suis mis à espérer que le Kinopanorama resterait un cinéma. J'espérais également un soutien des politiques, mais ceux-ci semblaient s'en moquer royalement (quelle surprise!); aucun classement pour le Kino, trop jeune avec ses quarante-trois printemps, en oubliant qu'il représente une part fondamentale du patrimoine des cinémas de Paris. Fin 2001, les annonces de fermeture se précisent, et les dates prévues sont toujours retardées, même celle du 25 juin qui paraissait pourtant définitive, tant elle était annoncée dans la presse.

Kinopanorama - La caisse Kinopanorama - Les ouvreuses
Deux photos du personnel de la période Pinton: à gauche, la caissière derrière sa vitre; à droite, l'équipe des ouvreuses

Fin juin 2002, le Kino était toujours ouvert, et il était donc permis de garder un espoir, aussi ténu soit-il... L'avenir allait en décider autrement, puisque le Kinopanorama a fermé définitivement ses portes le 9 Juillet 2002 à 20 heures.

Le Kinopanorama

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Le Kinopanorama - 60, avenue de la Motte-Piquet - 75015 Paris