Silver Screens - la passion des salles de cinéma

Le son numérique

Historique et derniers développements

Systèmes sonores sur la pellicule
Les différents formats sonores inclus sur une pellicule; explications dans ce dossier...

I. Le LC Concept et le CDS

Le son numérique (ou digital) est apparu en 1991 dans les salles de cinéma. Deux systèmes étaient alors concurrents: le procédé français LC Concept, dont les initiales viennent de ses deux inventeurs "Elisabeth Löchen et Pascal Chédeville" et le système américain CDS (Cinema Digital Sound), développé conjointement par les sociétés Optical Radiation Corporation et Kodak.

Le LC Concept fut dans un premier temps installé, sous forme de test grandeur nature pour le circuit UGC, à l'UGC Triomphe sur les Champs-Elysées, par ailleurs également doté du son CHF Cabasse, et ce à partir du 26 juin 1991. Le premier film à en bénéficier est alors Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau, préalablement exploité en son analogique avant de finir sa carrière dans cette salle dans des conditions de restitution sonores supérieures à celles de sa sortie!

Le LC Concept consiste alors en la synchronisation d'un code temporel (ici un code barre) situé sur la manchette du film, qui conserve ses deux pistes analogiques, et un disque magnéto-optique double face présenté sous forme de cartouche. Si le procédé se décline en deux versions, le LC 4 à quatre canaux de diffusion et le LC 6 à six canaux, il semble que la majorité des salles équipées, et celles qui passaient le plus de films dans ce format, l'aient été en quatre pistes (trois enceintes derrière l'écran -gauche, centre, droite- et une batterie d'enceintes réparties sur les murs gauche et droit de la salle correspondant au canal d'ambiance ou surround).

Tous les matins du monde en LC ConceptLe monde du cinéma est alors en émoi, des réalisateurs se prennent à rêver: certains vont plonger très vite dans l'aventure du son numérique: Wim Wenders avec Jusqu'au bout du monde (exploité au Max Linder Panorama en Super 35), Alain Corneau avec Tous les Matins du monde (César du meilleur son), Jean-Jacques Annaud avec L'Amant, Claude Lelouch avec La Belle Histoire (le film fut apparemment reproduit en LC Concept au Palais des Congrès de Paris où il fut exploité durant quelques semaines en avant-première et en 70 mm), Roman Polanski avec Lunes de Fiel, Jean-Jacques Beineix avec IP5 (qui fit ainsi l'ouverture le 12 juin 1992 du Gaumont Grand Ecran Italie), Paul Verhoeven avec Basic Instinct, Emir Kusturica avec Arizona Dream...

Malheureusement, une mauvaise politique commerciale (le procédé était, selon ses inventeurs, prioritairement destiné aux "grandes salles de prestige"), conjuguée à un quasi-vol du brevet par le système américain DTS en 1993, le tout suivi par une longue action en justice qui interdira par exemple l'exploitation en France de Jurassic Park en DTS (projeté chez nous en simple Dolby SR), va condamner le procédé qui sera finalement vendu aux Américains.

Il semble que le Max Linder fut la salle française à passer le plus de films en LC Concept. Elle conserve d'ailleurs le matériel ainsi que quelques disques, et repasse régulièrement, lors du festival annuel "Le Max Linder fait sa Cinémathèque", Arizona Dream dans ce format aujourd'hui disparu. Il est à noter également que la salle Prestige de l'UGC Normandie a projeté Basic Instinct dans ce système, la projection étant précédée d'un déroulant-image comportant simplement le nom du procédé. Exemples de salles qui furent équipées en LC Concept : Max Linder Panorama, Gaumont Grand Ecran Italie, UGC Triomphe, UGC Normandie, Forum Horizon...

Salle sans écran
Les enceintes derrière l'écran.. sans écran!!!
The Academy of Motion Picture Arts and Sciences Goldwyn Theatre, document JBL

Le CDS fut quant à lui présenté officiellement le 17 avril 1990 et testé sur le film de Warren Beatty Dick Tracy (1300 représentations avec un taux de réussite de 99.4% dans quelques salles américaines et une seule salle européenne, le Kinepolis de Bruxelles). Préalablement réservé aux copies 70mm, le procédé sera finalement disponible fin 1990 en 35mm. Contrairement au LC Concept, le CDS se trouve alors sur la pellicule, entre l'image et les perforations, à l'emplacement même des pistes analogiques traditionnelles. Ces dernières sont remplacées par un marquage optique d'informations binaires contenant neuf pistes numériques. Les six premières correspondent à six canaux sonores (5 pistes 20-20 000 Hz réparties ainsi: gauche, centre, droite, ambiance gauche, ambiance droite + 1 piste de sub-basse de 20-100 Hz). Les autres pistes contiennent des informations (une piste SMPTE, une piste MIDI, une piste comprenant des indications sur le titre du film, le numéro de bobine, la date de fabrication...).

En France, le Kinopanorama est la première salle à s'équiper début 91: elle projette ainsi avec succès le film d'Oliver Stone Les Doors. Malheureusement, les films sont rares (citons L'Expérience Interdite ou après sa sortie la VO de Terminator 2), les copies aussi. A Paris, Le Grand Pavois s'équipe au moment où il se dote du système de tri-amplification CHF Cabasse. La sortie en plein mois de juillet du film L'Approche Finale dont le titre se confond avec son slogan mensonger ("Passez le mur du son") provoque la confusion dans l'esprit du public qui découvre le film dans des salles non équipées et qui pourtant parfois en font la publicité...

En fait, le principal défaut du CDS réside dans l'absence de pistes analogiques: les copies CDS ne sont pas compatibles avec les installations non équipées et il n'y a pas de piste de secours en cas de panne. Le CDS est condamné. Il disparaît discrètement au grand désespoir du directeur du Grand Pavois qui se sert aujourd'hui du processeur comme presse papiers... Exemples de salles qui furent équipées en CDS : Kinopanorama, Le Grand Pavois, le Pathé Marignan Concorde (sous réserves).

II. le Dolby Digital SRD et le Dolby EX

Dolby Digital Les laboratoires Dolby, pris de vitesse, présentent finalement leur système Dolby SRD (Spectral Recording Digital) le 6 septembre 1991 à Paris. Si Batman Le Défi de Tim Burton est le premier à être tourné en SRD, c'est Dracula de Coppola qui est le premier film à être exploité en France, au Gaumont Grand Ecran Italie, et Toxic Affair le premier film français à utiliser le format.

Dolby SR Dolby Digital Dolby Digital
De haut en bas, les logos Dolby SR et Dolby Digital 1ère et 2ème version

Dolby Digital
Rebaptisé récemment Dolby Digital, comme le Dolby AC-3, il comporte six pistes numériques inscrites sous forme de bits entre les perforations du film, sur un emplacement appelé le damier. Les canaux sont répartis comme ceux du CDS, l'avantage étant que le film conserve ses deux pistes analogiques Dolby SR, compatibles avec toutes les installations, qu'elles soient stéréophoniques ou monophoniques, permettant de basculer en analogique lorsque le film "décroche", à chaque changement de bobine par exemple. Aujourd'hui, le Dolby Digital est, avec le DTS, l'un des deux standards retenu par la profession: la grande majorité des films sont mixés dans ce format (ainsi que les bandes annonces et même certaines pubs nationales) et les salles s'équipent de plus en plus, même si les salles UGC sont en retrait.

Dolby Digital Alors que le Dolby Spectral Recording était en 1988 une amélioration sensible du Dolby stéréo traditionnel (2 pistes comprenant quatre canaux: gauche, centre, droit, ambiance), suivi quatre ans plus tard par le Dolby SRD, les laboratoires Dolby présentent aujourd'hui leur dernier développement mené conjointement avec Lucasfilm THX. Fruit de cette collaboration, le Dolby Digital Surround-EX répond à la demande de Gary Rydstrom, director of Creative Operations de Skywalker Sound (Lucas Digital Ltd. LCC) qui, depuis de nombreuses années, voulait améliorer la flexibilité de la production de pistes sonores.


Le "Dolby EX" ajoute un troisième canal surround au son numérique des films, un concept imaginé initialement par les concepteurs sonores des studios de post-production Skywalker Sound de Lucasfilm. Les sons peuvent maintenant provenir de l'arrière de l'audience, ouvrant la porte à des effets impressionnants comme un vrai panoramique à 360°. Le canal d'ambiance rend les déplacements avant/arrière encore plus réalistes, les effets comme les passages d'avions semblant vraiment passer au-dessus de la tête des spectateurs. Même la reproduction du son ambiant est améliorée en étant moins affectée par la largeur de la salle. Ce nouveau canal garantit en outre aux spectateurs installés des deux côtés de la salle la reproduction de l'ambiance exacte souhaitée par le réalisateur.

L'adaptateur Dolby Digital SA10,
très simple d'utilisation!
Dolby Digital SA10

Listes des salles équipées en Dolby Digital sur Paris: UGC Ciné Cité Les Halles (salle 1), Gaumont Opéra Premier (salles 1 et 2), Grand Rex, Rex (2 salles), Arlequin (salle 1), Grand Bretagne (salle 1), UGC Montparnasse (salles 1 et 2), Balzac (salle Panorama), Gaumont Ambassade (salles 1 à 3), Gaumont Champs-Elysées, Gaumont Marignan (salles 1 à 3, voire plus), UGC George V ( les 2 salles Prestige), UGC Normandie (salles 1 et 2), Gaumont Opéra Français (salles 1 et 2), Max Linder Panorama, Paramount Opéra (salles 1 à 5), Bastille (salle 1), MK2 Nation (salles 1 et 4), Gaumont Gobelins Fauvette (salle 1), Gaumont Grand Ecran Italie (la salle Grand Ecran), Gaumont Alésia (salles 1 et 2), Gaumont Parnasse (salles Rama 1, 2, 3 et 8), Miramar (salle 1), Mistral (salle1 ), Sept Parnassiens (salle 1), Gaumont Aquaboulevard (14 salles), Gaumont Convention (salle 1), Gaumont Kinopanorama, MK2 Beaugrenelle (salle 6), Majestic Passy (salle 1), Cinéma des Cinéastes (salle 1?), Pathé Wepler (12 salles), MK2 Quai de Seine (salles 1 et 2), MK2 Gambetta (salles 1 et 2).

Dolby EX
Liste des salles équipées en Dolby Digital Surround EX: Gaumont Marignan (salle 1), Gaumont Grand Ecran Italie (salle Grand Ecran), Paramount Opéra (salles 2 et 3), Max Linder Panorama (THX), MK2 Gambetta (salle 1), Gaumont Aquaboulevard (salle 1), Gaumont Disney Village (salle 1), Arcel Corbeil (salles 1 et 2. Le premier cinéma à avoir également le DTS-ES), Rueil Malmaison (salle 1).

III. Le SDDS

SDDS

Projecteur SDDS Mis au point par Sony lors de la sortie du film de John Mc Tiernan Last Action Hero, le SDDS (Sony Dynamic Digital Sound) est le procédé le plus performant mais aussi le plus rare en France, tant au point de vue des films disponibles que des salles équipées. Hormis le Gaumont Champs-Elysées et le Gaumont Parnasse, il est en effet difficile à Paris d'être sûr que la mention SDDS annoncée dans les journaux de programmes est bien véridique. Essentiellement installé dans les salles Gaumont en plus du SRD (il est à noter cependant que bon nombre d'installations étant en prêt, certaines salles devraient perdre leur équipement sous peu), le SDDS est inscrit sur les manchettes du film et comporte pas moins de huit canaux numériques en plus des deux pistes analogiques.
Ci-dessus, un projecteur surmonté du lecteur
SDDS; au fond, le décodeur

Lecteur SDDS
Decodeur SDDS
Ci-dessus, le décodeur Sony DFP-D2000
Ci-contre, le lecteur SDDS, montré fermé et ouvert
Salle SDDS La répartition dans la salle est la suivante: gauche, centre gauche, centre, centre droite, droite, ambiance gauche, ambiance droite ainsi qu'un canal de sub-basses. Cette configuration rappelle le son magnétique à sept canaux (format 43) du 70mm. Dans la pratique, il semble que peu de films soient véritablement mixés en huit canaux (hormis Wolf de Mike Nichols), et que peu de salles aient une configuration en huit pistes puisque le système est évolutif et s'adapte, avec des versions en six, voire quatre canaux, à la largeur de la salle. Exceptés quelques blockbusters qui proposent tous les formats de son (par exemple, Star Wars Episode I comprend sur toutes les copies, VF et VO, le Dolby SR, le Dolby SRD, le DTS, le Dolby EX et le DTS-ES ainsi que le SDDS), le SDDS est essentiellement présent sur les films de la Columbia Pictures, major appartenant à Sony; les films Columbia sont d'ailleurs proposés en SRD et SDDS, mais jamais en DTS.

Exemples de salles équipées en SDDS : Gaumont les Halles (salle 1; fermé), Gaumont Opéra Impérial (salle 1), Gaumont Opéra Premier (6 salles à l'ouverture), Grand Rex (installation ponctuelle), Gaumont Ambassade (salle 1), Gaumont Champs-Elysées, Gaumont Marignan (salles 1 et 2), Publicis Elysées (salle 1), Paramount Opéra (un décodeur qui peut changer de salle), Gaumont Grand Ecran Italie (salle Grand Ecran), Gaumont Alésia (salle 1), Gaumont Parnasse (salles 1, 2, 3 et 8), Gaumont Kinopanorama, Pathé Wepler (?).

IV. Le DTS et le DTS-ES

DTS Lancé en juin 1993 lors de la sortie de Jurassic Park (Spielberg a toujours été parmi ses plus fervents défenseurs, mixant par exemple Le Monde Perdu uniquement en DTS et obligeant les salles uniquement pourvues du SRD à s'équiper), le système DTS (Digital Theater Systems) est un système à six canaux (répartition identique au SRD mais avec un taux de compression largement plus avantageux), basé sur la technologie mise au point par LC Concept avec quelques variantes: les disques sont des cd-roms et le time code, différent du procédé français, se situe entre l'image et les pistes analogiques.

Cd-Rom DTS Un CD-Rom DTS

Au mois de juin 1999, les cinémas équipés se répartissaient ainsi (9.685 en Amérique du Nord, 4.268 en Europe, 2.058 dans les Pays du Pacifique, 736 en Amérique Latine, 81 au Moyen-Orient, 66 en Afrique du Sud, 3 en Russie et 5 à l'Ile Maurice). Le premier film à avoir été exploité en France en DTS semble être Forrest Gump (Gaumont Ambassade 2), le premier film français étant Le Nouveau Monde d'Alain Corneau qui, avant le LC Concept, s'était essayé à la stéréo avec Le Choix des Armes, distribué dans les salles du circuit Parafrance.

DTS 6D Processeur DTS 6D

Brochure DTS 350 films ont été tournés en DTS à ce jour, tous les grands studios faisant confiance aux deux systèmes à la fois (son numérique sur film et son séparé sur CD Rom). Gaumont Buena Vista qui avait un accord d'exclusivité non officiel avec Dolby était encore la seule major française à ne pas utiliser le système, empêchant toutes les salles DTS (et par exemple les salles UGC Ciné Cité qui, à l'exception de la salle 1 des Halles, s'équipent exclusivement en DTS) d'exploiter les films GBVI (les Besson, les Disney...) en son numérique. Début octobre, lors de sa traditionnelle convention, Gaumont a annoncé rallier le mouvement avec tous ses futurs films par ailleurs mixés en DTS aux USA. En plus de proposer des processeurs de son analogiques-numériques concurrents de ceux de Dolby (DTS 6 AD contre CP 500 D), DTS ajoute également une ambiance arrière avec le système DTS-ES (Extended Surround). Ce dernier est basé sur la dernière technologie DSP et est entièrement compatible avec tous les autres formats numériques et autres processeurs cinéma actuels. De plus, il permet de déclencher des effets tels que strobe et laser, en utilisant l'entrée time code DTS.

Adaptateur DTS-ES Adaptateur DTS-ES

Une trentaine de salles françaises seraient équipées pour la sortie de Star Wars Episode I - La Menace Fantôme et une quarantaine en attente, alors que le Dolby EX, au départ annoncé dans sept salles du groupe Kinepolis (dont le Max Linder qui pour l'occasion a changé sa toile d'écran très abîmée), a rencontré un vif succès au Congrès des Exploitants de Deauville fin septembre, puisqu'il est annoncé dans quarante salles pour le mois d'octobre. Les premiers films annoncés dans les deux systèmes Dolby EX et DTS-ES sont Star Wars Episode I, Jeanne d'Arc, Austin Powers 2, Tarzan, Le Monde ne suffit pas, Hantise, Fight Club. Si, à l'heure actuelle, DTS n'a pas modifié son logo mais l'a rendu compatible, Dolby propose un nouveau trailer avant le film particulièrement réussi. Ne ratez donc pas le début de la séance !

Exemples de salles équipées en DTS: UGC Ciné Cité les Halles (19 salles), Bretagne (salle 1), UGC Danton (salle 1), UGC Montparnasse (salles 1 et 2), Gaumont Ambassade (salles 1 et 2), Gaumont Marignan (salles 1 et 2), UGC Champs-Elysées, UGC George V (salles 1 à 4), UGC Normandie (4 salles), Max Linder, Paramount Opéra (salles 1 à 4), MK2 Nation (salles 1 et 4), UGC Cité Cité Bercy (18 salles), UGC Lyon-Bastille (salle 1), Gaumont Italie (salle 1), UGC Gobelins (salles 1 et 2), Gaumont Alésia (salle 2), Miramar (salle 1), Mistral (salle 1), Gaumont Kinopanorama, Pathé Wepler (salles ?), MK2 Gambetta (salle 1).

Plus d'infos sur le son numérique:

Movie Sound Page - Plein d'infos!
The DIGITAL Sound Page
Dolby
DTS
SDDS
THX
IMDB - Recensement des systèmes sonores

A lire impérativement: La Reproduction du son au cinéma, Pierre-Antoine Coutant, Femis-CST, Paris, 1991, 206 p.

Stéphane LANDFRIED

Table de montage Document Sony
A l'écran: Mary Shelley's Frankenstein
©1994 TriStar Pictures, Inc. All rights reserved.

 

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